Patrimoine de Chambretaud

Patrimoine de Chambretaud

La femme qui marchait devant

 

Galliawatch

 

Françoise Barquin

La femme qui marchait devant (Stock, 1990)

Roman (à clefs)

 

Définition du roman à clefs selon Wikipedia

   "Le roman à clef est un sous-genre romanesque dans lequel certains personnages ou la totalité de ceux-ci représentent, de façon plus ou moins explicite, une personne réelle. Sous le couvert de la fiction, l'auteur écrit en réalité une histoire vraie, souvent pour éviter la diffamation, pour faire une satire, ou pour des raisons autobiographiques. La clef de l'histoire, qui fait comprendre au lecteur qu'il s'agit d'une histoire vraie, est habituellement une personnalité publique reconnue, plus particulièrement un homme politique ou une personne ayant une influence majeure sur un groupe, qu'il s'agisse de politique, d'affaires, de show-business, etc."

 

   A noter que la presque totalité des exemplaires de l'ouvrage fut acheté dans les jours qui suivirent sa parution. Le livre est donc devenu relativement rare et l'on peut presque qualifier Françoise Barquin de "romancière oubliée".

 

Lire Jean-Hervé Courty sur Galliawatch

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Personnages fictifs du roman:

- Laura Valence: Collaboratrice d'Antoine, chargée de la communication (p. 65)

- Marc (mari+divorce),

- Thierry, ministre de tutelle (p. 72)

- Antoine (Député de l'Aveyron, Ministre. Amant de Laura+rupture)

 

Les enfants de Marc et de Laura:

Arthur, Nicolas, Clémentine

 

 

Les clefs

Françoise Barquin: la narratrice

- Michel Gillibert (1945-2004). Accident d'hélicoptère dont il sort paraplégique. Devient plus tard secrétaire d'Etat auprès des handicapés.

- Philippe de Villiers: ministre délégué auprès de François Léotard (1986). Député et Président du Conseil Général de la Vendée en 1988. 

- François Léotard: ministre de la Culture et de la Communication en mars 1986, dans le gouvernement de cohabitation Mitterand (président)/Chirac (1er ministre)

 

Les enfants de Michel Gillibert et de Françoise Barquin:

Emmanuel, Charles (1977), Violaine

 


 

Extrait (p. 111): récit de la rupture

 

"Je ne laisserai jamais ma carrière éclipser notre amour"

 

- Laura, tu tombes bien.

   Sourire crispé. Pas si bien que ça à mon avis, je sens la mise à mort poindre à l'horizon.

- On était en train d'expliquer à Antoine que votre liaison devenait un peu gênante pour son avenir politique. Son discours est celui de la famille, ses ennemis pourraient s'en servir.

   Je jette un oeil sur Antoine qui ne bronche pas. "Il me défendra", avais-je dit à Caen. Son plaidoyer est en cet instant celui de la carpe. Une grande lassitude m'envahit, je n'arrive encore pas à savoir s'il s'agit d'un soulagement ou d'une blessure. Ses ennemis? En cet instant je n'ai pas l'impression qu'on ait les mêmes. Antoine perçoit en moi la colère qui commence à monter.

- Laisse-nous, dit-il.

   Les deux acolytes ne demandent pas leur reste, ils disparaissent à vive allure. Quand on a allumé la mèche d'une bombe, il vaut mieux s'éloigner pour ne pas sauter en même temps.

 - Laura, je suis bien embêté. Tu me connais, tu sais que je ne laisserai jamais ma carrière éclipser notre amour, mais je me dois aussi à mes électeurs. Or on me dit que ça jase ma circonscription. l'Aveyron, ce n'est pas Paris. Avant toute chose, je veux que tu saches que, même si tu devais partir, cela n'entamerait en rien nos relations. Au contraire, ce serait peut-être une chance pour notre amour. Nous serions débarrassés de toutes nos contraintes, libres parce que séparés, c'est-à-dire... euh... mieux unis que sous le regard des autres.

   Qu'est-ce que c'est que cet embouillamini? Ou bien il délire, ou bien je nage en plein cauchemar, il va falloir qu'on m'explique.

- Antoine, tu n'es quand même pas en train de me dire qu'il faut que je quitte mon poste afin de sauvegarder son avenir politique et notre histoire!

 - Non, bien sûr que non, tu exagères tout.

- Alors, explique-moi ce que signifie ce discours qui ménage chèvre et chou, figue et raisin, blanc et noir.

   En cet instant, un écran de fumée s'élève entre nous. Hommes de peu de foi, de beaucoup d'orgueil, baignés dans un océan de lâcheté. Dans vos discours, vous nous jetez votre famille à la tête, votre épouse dévouée, fidèle, vos enfants si sains si joyeux, votre bonheur conjugal, comme des hommes en pleine santé étaleraient leur joie de vivre devant des malades condamnés. Vous souffrez moins, certes, parce que vous n'avez pas d'états d'âme. En ce qui concerne les autres, du moins! Vous adhérez mieux à la terre, donc vous marchez plus droit, mais pour aller où? Je me suis laissé dire qu'en plus vous priez? Alors, croyez-moi. Il doit être fort là-haut pour gérer tout ça. l'important pour vous, j'imagine, c'est votre bonne conscience. Enfin, soyons soulagés, on vous a remis, monsieur le ministre, sur le bon chemin. La chair étant ce qu'elle est, vous vibrerez encore dans les bras de quelques fraîches beautés à la petite semaine, soyez rassurés, on vous préfère ainsi. Un dernier conseil: transmettez la bonne nouvelle à vos enfants, il serait dommage qu'ils s'égarent.

- Laura, je te propose une solution: on ne collabore plus pour le travail, mais on continue à vivre ensemble, enfin, à Paris.

- Quelle promotion! Je deviens la favorite de monsieur. Entretenue?

 

 



08/09/2013
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