Patrimoine de Chambretaud

Patrimoine de Chambretaud

L'église (article de la Revue du Bas-Poitou, 1907)

L'église de Chambretaud

présentée dans la "Revue du Bas-Poitou" en 1907

(article signé E. Rafin, prêtre)

 

....M. l'abbé Bouchet avait pu jeter les fondations d'une église nouvelle...M. Brebion, son successeur, en avait heureusement achevé la construction...

 

   Disons d'abord que le nouvel édifice, dans sa forme, doit être attribué à l'époque de la Transition, c'est-à-dire du passage, ou mieux de la jonction du roman au gothique. En effet, les fenêtres et portes sont plein cintre, tandis que les arcs-formerets, nervures et doubleaux sont ogives, et cela pour donner de la hauteur aux voûtes, - il semble, malgré tout, qu'elles en manquent encore un peu, - sans changer celle des parties en contre-bas, murs latéraux et autres formant la cloture extérieure.

   Le sanctuaire, déjà vaste par lui-même, s'agrandit encore d'un avant-choeur ayant deux chapelles, desservies, avec le maître-autel, par un seul appui de communion d'une longueur égale au travers des trois nefs.

   Les nefs, sur la largeur desquelles le transept est en saillie, possèdent six travées, y compris celles adjacentes au motif du clocher, lequel, vu du sanctuaire, attire l'attention, comme l'une des parties les plus réussies dans cet ensemble où presque tout l'est remarquablement.

   Une particularité à noter, c'est l'alternance symétrique dans la plupart des parties saillantes des voûtes, de pierres de deux catégories: granit gris du pays et pierre blanche de Saint-Savinien. Il en sera peut-être pour faire une légère critique de ce mélange de couleurs, mais elles sont si bien agencées, si bien mariées ensemble que, à mon avis, et contrairement à ce qu'on a pu voir en ce genre dans d'autres églises, si cette disposition tire un peu l'oeil, bien loin de le choquer, elle le satisfait plutôt agréablement.

   A signaler aussi la sveltesse des colonnes isolées et pilastres engagés; le motif des fonts baptismaux (auxquels on peut pourtant faire le menu reproche d'avoir une marche ascendante au lieu d'une marche descendante); l'ensemble de la tribune et les immenses roses du transept: toutes choses parfaitement étudiées par l'architecte constructeur.

   Mais ce qu'il y a surtout de remarquable, j'ôse dire que c'est l'aspect de la façade principale. Majestueusement posée sur le sol, elle s'élève le plus harmonieusement du monde, depuis son porche très ample et ses galeries superposées, - d'où l'on a, pour le dire en passant, les vues les plus ravissantes sur les sites variés et grandioses qui environnent Chambretaud, -jusqu'à son gracieux campanile octogonal, fleurant quelque peu le byzantin. c'est vraiment beau et je ne connais, dans toutes nos églises de Vendée, aucune façade moderne qui puisse supporter la comparaison.

 

   Tel est, sommairement, le monument dont l'art vient d'être doté par le distingué architecte nantais, M. Fraboulet, avec l'intelligent concours de l'entrepreneur, nantais aussi, M. Clément.   M. Fraboulet est un enfant du peuple, élevé comme orphelin par les Soeurs de la Sagesse. Il n'a point passé par les Beaux-Arts; mais qu'importe? Ses oeuvres n'en parlent pas moins et très haut et très bien. J'en atteste Chambretaud et Saint-Laurent-sur-Sèvre.  

   Ah! nous n'en sommes plus à l'architectonique par trop primitive du bon père Cousin! Oh non!   Faut-il remarquer maintenant que si M. Fraboulet a  pu faire une petite merveille d'architecture, c'est que la paroisse de Chambretaud avait commencé par faire des merveilles de générosité. La souscription paroissiale, en effet, s'est élevée à plus de cent mille francs, et Chambretaud compte à peine onze cent cinquante habitants!   

   Il est vrai que les trois quarts - ou bien près - de cette somme proviennent de deux nobles maisons, le Boiniard et la Gâtière, qui, en cette occurence, ont été saintement émules dans leurs pieuses libéralités. Que ne trouve-t-on partout d'aussi grands coeurs et des bourses aussi largement ouvertes!

   Et que l'on ne croie pas que cette première souscription ait été le dernier mot de cette quasi royale munificence.

   L'ameublement de l'église est là pour dire qu'il n'en est rien, et tout le monde là-bas pourra vous apprendre à qui doit aller la reconnaissance de tous pour le superbe grand autel et le très bel appui de communion, en marbre l'un et l'autre; et à qui les remerciements pour l'élégant autel, de la très sainte Vierge; le tout sorti des ateliers de M. Biron, de Cholet.

   L'autel de Saint-Joseph, lui, en marbre également et d'un si gracieux effet avec ses jolies peintures sur lave - oeuvre de MM. Maché et Trinité, de Niort -, est dû à la générosité collective de tous les prêtres originaires de la paroisse. présent de l'un d'eux aussi - Dom Pasquier, jeté sur les chemins de l'exil par la funeste loi sur les associations religieuses - un chemin de croix, de grand prix, peint en émail sur porcelaine de Limoges, ainsi qu'un assez riche calice qui fut celui de son ordination, et qu'il a voulu, par une touchante pensée, être celui de la première messe célébrée sur le nouvel autel solennellement consacré.

 

 

 

 

 



04/07/2012
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